Petit témoignage en l’honneur de Hervé-Olivier Njapoum

Created by Silas 4 years ago

Toronto le 7 décembre 2019

Njapoum, Boum « all in oum »!


Ainsi s’exprimait une professeure quand nous étions au lycée. Elle laissait sous-entendre sans que l’on sache trop pourquoi que nous faisions du désordre en classe. Et nous passions ainsi pour ce qu’on appelait à l’époque des troubleurs…


Mais le jour où cette professeure a demandé de décrire un exemple de ce que peut être une belle dame, ta réponse à été : LIKE YOU.
Après avoir éclaté de rires elle a fini par te dire : FUNNY FACE


Voici racontée une facette de Hervé, toujours très amusant et toujours en position « d’attaque », disons un peu précoce.
C’était notre adolescence, époque d’insouciance où il fallait juste aller à l’école, à l’église, jouer au basket et bien entendu courir les filles qui commençaient à présenter un intérêt certain. C’était l’époque où de temps en temps on prenait quelques gifles parentales parce qu’on avait estimé qu’il n’y aurait pas de séisme à Douala si on « dribblait » le cours de catéchisme, époque où on faisait énormément de footing après avoir joué au basket et bien entendu si sur notre parcours on rencontrait des filles on leur lançait un sympathique bonjour. Comme tu le disais si bien : on ne sait jamais…


Cependant nous avions réussi l’exploit cette année d’avoir le BEPC et de ne pas avoir l’entrée en seconde. Un vrai mystère.
Et l’année d’après les autorités officiant au lycée décidèrent qu’on devait nous mettre dans des classes différentes. Je fus convoqué pour la petite histoire dans le bureau du censeur d’alors qui vérifia dans quelle classe tu étais et me proposa n’importe quelle autre à l’exclusion de celle-là.

Qu’à cela ne tienne nous avons continué nos études, toi à Reims et moi au lycée et quelques années plus tard moi à Strasbourg. Et cette fois on est tout de même arrivé au bout.


Entre temps on s’est vu de temps en temps à Reims surtout lorsqu’il y avait des fêtes mais il faut dire que la fraîcheur du climat et l’implication sérieuse qu’impliquaient nos études avait congelé nos ardeurs à la fête!


Et finalement chacun regardant de loin ce que l’autre faisait, nous fûmes physiquement distants mais nous avions de temps en temps par personnes interposées des nouvelles l’un de l’autre. C’est ainsi que j’ai appris que tu étais au Canada où j’irais plus tard, que tu t’es baladé dans notre chère Afrique ou après quelques relations au demeurant très intéressantes au Cameroun où une descendance est née, tu as lancé ta dernière attaque chez cette chère Malou avec un succès retentissant. Il y a deux ans j’ai eu le plaisir de la rencontrer. Elle a tout de même fait tomber le baobab ce qui en soi constitue un mérite non négligeable…


Je sais que tu avais beaucoup de projet et d’ailleurs nous parlions d’un de tes projets en architecture, sur lequel tu souhaitais que Thierry ton frère et moi travaillâmes. On ne fait pas toujours ce que l’on veut…

Mais cela ne nous a pas empêché de parler des secousses politiques, des glissements de date et autres joyeusetés camerounaises.
Parfois tu étais même surprenant quand tu parlais avec sérieux de religion et de spiritualité et c’est avec amusement que j’ai repensé à ton commentaire sur la carte que tu m’as offerte lors de ma confirmation, d’ailleurs très appréciée de ma défunte mère :
J’espère que tu ne feras plus de connerie. Cependant le temps fait son œuvre.


C’est avec stupéfaction que j’ai appris que tu étais malade, et après nombre d’échanges virtuels le 16 mai de cette année j’ai enfin pu te rencontrer, en présence entre autres de ta chère mère. Tu me semblais plutôt en bonne forme malgré quelques légers handicaps. Après une après-midi de divers nous avons pris le train ensemble et je me suis dit qu’au-delà de ton optimisme habituel la vie allait reprendre son cours. Mais le cours avait changé de cap, et le temps comme je l'ai dit plus avait d'autres projets.

Paradoxalement notre dernier échange sera virtuel et plutôt amusant le 18 juillet . C’est moi qui d’entrée ait dit (njige bôbô en medumb’a) et c’est toi qui a répondu : ça va.

Effectivement ça allait toujours. Cette attitude terriblement positive fut une autre de tes caractéristiques.
Cependant le démiurge en a décidé autrement en prenant soin comme à son habitude de nous interpeller sur la signification de ce départ à nos yeux quelque peu prématuré.

Si l’Olivier du fait de ses vertus intrinsèques permet de tempérer la fougue que peut produire Hervé, le livre d’Enoch nous instruit sur ces temps de l’affliction et nous interpelle sur notre attitude. Quelles que soient les versions de ce livre apocryphe j’ai retenu que Enoch est celui qui a eu le privilège d’avoir été emporté par les anges et qui reviendra avant le jugement final.
Y a-t-il quelque chose à retenir ? Certainement.


Dans tous les cas je note déjà ce clin d’œil que tu m’as fait en partant le jour de mon anniversaire! Il y a certainement quelque chose à comprendre sans attendre le jour du Grand jugement.

Enoch viens et assied toi à ma gauche dit le démiurge à Enoch.

Qu’il en soit ainsi et qu’il fasse resplendir sa Grâce sur toi en pardonnant tes fautes, en se souvenant de ton volontarisme, de ton énergie débordante. Que tes œuvres soient optimisées et que de là-bas tu veilles sur ta descendance qui en a la charge.
Continue ton voyage cher ami.


Silas BOUM